La CAA de Lyon (26/06/25, N° 23LY01135) a rendu ce jour une décision très importante pour notre association, mais aussi pour l’ensemble des associations de défense de l’environnement en reconnaissant notre intérêt à agir dans le contentieux contre la construction du télésiège du marais à Tignes !
En 2020, BSNP a lancé un recours contre le remplacement du télésiège des marais à Tignes, situé au 2/3 dans la réserve nationale de Tignes-Champagny, pour faire annuler la dérogation espèces protégées. Le projet menaçait directement 19 espèces protégées de faune et de flore, sur un site présentant des sensibilités écologiques fortes à prioritaires en termes d’habitats naturels.
Nous avions obtenu la suspension des travaux en 2020. Mais le tribunal administratif de Grenoble a rejeté notre demande d’annulation de la dérogation espèces protégées en 2023, au motif que l’intérêt à agir de l’association étant national, nous ne pouvions pas attaquer de projet d’envergure locale.
Le 26 juin 2025, la Cour administrative d’appel de Lyon annule ce jugement du TA au motif que les impacts du projet « excèdent les seules circonstances locales« , notamment car la destruction du papillon Apollon (espèce parapluie) va avoir des conséquences sur les chaines trophiques qui ne sauraient être circonscrites au seul lieu de construction : la Cour consacre notre argumentaire en relevant que la zone « héberge un habitat favorable à sa reproduction, et par voie de conséquence d’autres espèces faisant partie d’un écosystème global non strictement circonscrit à la zone géographique des travaux« .
La Cour estime également que compte tenu de la présence de falaises d’intérêt communautaire, de ZNIEFF de types I et II, de deux zones humides, de deux zones Natura 2000, et de la réserve naturelle nationale de Tignes-Champagny, BSNP « justifie d’un intérêt pour agir suffisamment direct et certain pour contester l’arrêté en litige au regard de la sauvegarde des intérêts liés à la protection de l’environnement et de la biodiversité qu’elle entend protéger« .
La CAA demande donc au Tribunal de Grenoble de re-juger l’affaire.
Rappelons qu’entre temps le télésiège a été construit, avec comme maigre intérêt d’augmenter le débit de skieurs par rapport à l’ancien télésiège. Le doute est donc permis quand à l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur, pourtant nécessaire pour accorder une dérogation à la destruction d’espèces protégées. Les insuffisances du projet concernant les mesures éviter-réduire-compenser invitent également à penser que le projet sera jugé illégal au fond.
Dans un contexte d’effondrement de la biodiversité, les stations de skis doivent prendre la mesure de leur responsabilité en repensant largement leur manière d’aménager la montagne afin de préserver ces écosystèmes fragiles et menacés.